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Gestion de la paie Le Petit Prince Herbert ZHANG ZhiYong 张智勇
Motivation
La motivation est, dans un organisme vivant, la
composante ou le processus qui règle son engagement pour une activité précise.
Elle en détermine le déclenchement dans une certaine direction avec l'intensité
souhaitée et en assure la prolongation jusqu'à l'aboutissement ou l'interruption.
Cette notion se distingue du dynamisme, de l'énergie ou du fait d'être actif. La
motivation concerne certaines actions ou expériences, mais pas pour toutes.
Se manifestant habituellement par le déploiement d'une énergie (sous divers
aspects telle que l'enthousiasme, l'assiduité, la persévérance), la motivation
est trivialement assimilée à une « réserve d'énergie ».
Mais plus qu'une forme « d'énergie potentielle », la motivation est une instance
d'intégration et de régulation d'une multitude de paramètres relatifs aux
opportunités d'un environnement et aux sollicitations d'une situation. Aussi le
rôle de la motivation est-il proportionné aux degrés d'ambiguïté et ambivalence
d'une situation : elle doit dissiper la complexité voire la confusion des
données et leur conférer différentes valeurs avant d'en tirer une conclusion en
termes de comportement : le choix et l'investissement dans la direction préférée.
« Rien n'est plus insondable que le système de motivations derrière nos
actions.»(Georg Christoph Lichtenberg, Le Miroir de l'âme, Corti, 1997)
L'interrogation portant sur la motivation, émerge principalement dans les
situations où son rôle de délibération interne est requis prioritairement ;
c'est-à-dire avant tout quand l'organisme est face à une dimension quelconque de
concurrence, une priorité ou hiérarchie devant émerger pour permettre l'action.
De ce point de vue, bien que les problématiques ne soient pas équivalentes, deux
types de concurrence sont identifiables :
la « concurrence psychologique » des attentes individuelles, par exemple,
choisir entre l'action et le repos ;
les situations collectives où — face aux mêmes exigences — les motivations
individuelles sont le facteur de différenciation des conduites : apprentissage,
compétitions, activités collectives, etc.
Histoire du concept
L'idée de motivation est déjà présente dans la division
tripartite de l'âme chez Platon. L’epithumia est à l'origine du désir de manger
ou de se reproduire. Siège des besoins physiques, ce ventre doit être maîtrisé
par le thumos, l'élément moyen, au service de la raison (noos). Cette fonction
appétitive ou conative s'oppose donc à la cognition. En utilisant le vocabulaire
psychologique moderne, le thumos peut s'interpréter comme l'émotion, à la
charnière entre le désir et la raison.
Le point de vue général de la philosophie antique, exprimé particulièrement par
l'eudémonisme, considère que la recherche du bonheur est l'exigence impérative à
la base de la motivation ; les autres attentes n'en étant que des objectifs
partiels et isolément insuffisants.
Il est difficile de retracer l'histoire du concept général de motivation, du
fait qu'il n'a pas vraiment été étudié entre l'antiquité et le XXe siècle.
Cependant, on peut faire un parallèle avec l'histoire de l'organisation du
travail, qui utilise (pas toujours de façon directe) le concept restreint de
motivation au travail.
Au Moyen Âge comme aujourd'hui, le type d'organisation est en relation avec le
type de métier considéré. Ainsi, on peut prendre l'exemple de l'artisan. Le
savoir-faire artisanal, lui donnait la possibilité d'organiser son travail comme
il le souhaitait. On peut penser que la motivation était donc relativement
importante, de par le fait que l'artisan menait son œuvre du début à la fin, et
cela à son rythme (motivation intrinsèque). Plus tard, à la fin du Moyen Âge, on
assiste à la création d'ateliers et de grandes entreprises, ce qui coïncide au
passage à l'époque moderne. Dès lors, le mode d'organisation change, et ainsi on
peut concevoir que la motivation des salariés diminue en conséquence. À partir
de ce moment, l'art de l'organisation et du management deviendra rapidement une
nécessité.
Au XVIIIe siècle, Jeremy Bentham conçoit l'individu comme répondant à
l'utilitarisme, en particulier en se livrant à une subtile arithmétique des
plaisirs.
Kant exprime deux origines de la motivation. La première étant le devoir, tandis
que la seconde est la satisfaction du désir ou motivation sensible.
Dans son journal, Maine de Biran semble considérer la liberté intérieure comme
la caractéristique d'une motivation fondamentale ; motivation sans objet
particulier mais avec laquelle toutes les autres devraient entretenir des
rapports de dépendance ou de conciliation. Il écrit : « Il est vrai qu'il y a en
nous une force propre qui se donne à elle-même sa direction et ne la reçoit
qu'autant qu'elle le veut », de nombreuses pages après avoir utilisé une
métaphore de circonstance : « L'homme vertueux porte en lui-même une monarchie
où toutes les forces sont soumises à une seule ; où tout fléchit devant la
liberté intérieure ». Cette « force propre » et en quelque sorte « royale »
n'est autre que l'âme ; celle-ci ayant pour vassales les différentes puissances
de l'être et ses motivations.
Dans sa conception de rivalité des motifs d'action, Arthur Schopenhauer qualifie
le motif vainqueur comme celui qui répond le mieux au vouloir vivre de la
personne.
Au début du XXe siècle, le taylorisme, et un peu plus tard le fordisme, ont mis
en place l'OST (organisation scientifique du travail). Pour Taylor, la
motivation est la conséquence du salaire, et il ne tient pas compte des
motivations intrinsèques du salarié, ce qui déshumanise le travail.
« Les conséquences du taylorisme sévissent encore maintenant dans nos
entreprises », bien que l'on sache aujourd'hui que le salaire n'est pas un
facteur de motivation du salarié, mais un facteur de satisfaction, et que la
parcellisation de la tâche implique une « exécution passive du travail, sans
implication personnelle. »
Au milieu du XXe siècle, la motivation a été étudiée en France par la «
psychologie des tendances » ou « inclinations » : « tendances primitives »
voisines de l'instinct, « tendances sociales », « tendances idéales », etc.
Problématique de la motivation
La motivation se manifeste habituellement par un déploiement
d'énergieS'interroger sur la motivation d'un comportement est une démarche
inductive : le constat objectif étant insatisfaisant, on suppute l'existence
d'une composante subjective ; composante dont la connaissance aurait une vertu
explicative en rapport avec ledit constat.
Considérant par exemple deux individus, par ailleurs fort différents, mais
exprimant la même ambition apparente (telle une candidature à un même poste) ;
le réflexe sera de chercher à découvrir chez l'un et chez l'autre une composante
particulière qui expliquera une convergence de leurs comportements que leurs
singularités auraient du empêcher. Chez l'un, d'une manière ou d'une autre on
identifiera un goût du pouvoir, et chez l'autre par exemple un opportunisme...
La démarche inductive, à laquelle incite le questionnement quant à la
motivation, est absolument la même que celle que la science psychologique a
généralement à l'égard de la personne : « Mais comment fonctionne cet animal
singulier pour se manifester avec si peu de cohérence ? Ou tant de variété ? »
Cela revient à dire qu'on ne peut parler pratiquement de « motivation » sans se
situer plus ou moins explicitement dans un cadre conceptuel ou théorique du
sujet. Mettre en avant la notion de « motivation » engage, dans une forme ou une
autre, la causalité ; pousse à vérifier un certain « mécanisme ». Cela ne
signifie pas que parler de motivation soit nécessairement une forme de
réductionnisme, mais assurément « autant d'écoles psychologiques, autant de
motivations ! ».
Maintenant reconnaître la motivation comme tributaire ou emblématique d'une
théorie donnée questionne la pertinence de ce concept :
La motivation a-t-elle un contenu valide dans toute théorie du sujet ? Ou
existe-t-il au moins une théorie incompatible avec tout usage de cette notion ?
Et pourquoi ?
Peut-on élire la motivation comme objet théorique assez général pour favoriser
la synergie des différentes écoles ? Sans que l'une impose son modèle aux
autres...
Question qui — dans une approche plus épistémologique — peut prendre une autre
forme : malgré ou à cause de son ambiguïté conceptuelle, la motivation ne
pourrait-elle permettre une connaissance réunifiée du sujet, au-delà des
approches partielles ?
Pour être crédible, l'hypothèse de cette dernière question doit résister à une
dramatisation de l'ensemble de ces interrogations. Ainsi en réduisant
provisoirement chaque théorie à un système causal, on peut facilement préjuger
qu'à maintes reprises, telle motivation sera vue comme cause dans un système en
même temps qu'effet dans un autre, la « vraie » motivation étant plus en amont ;
cette divergence essentielle interdisant toute conciliation sauf à entreprendre
des réformes.
Ces questions explicitées, une exploitation rationnelle du concept « motivation
» passe par une approche systémique, chaque sujet considéré comme le cadre d'une
certaine dynamique énergétique (« système individuel ») ; dynamique elle-même
analysée au sein de tel ou tel « système » de psychologie dans tel et tel
milieu.
Les modèles de motivation
Selon la complexité de l'organisme étudié, les éléments théoriques peuvent plus
ou moins se simplifier en modèles adaptés aux objectifs. On peut par exemple
concevoir la motivation comme déterminée par la recherche d’expériences
positives et par l’évitement des expériences négatives ; une personne pouvant
être conduite à l’automutilation ou à la violence parce que son cerveau est
disposé à créer une réponse positive à ces actions.
Selon une autre optique, les intérêts subjectifs existeraient avant l'entrée en
scène de la motivation, celle-ci ayant pour seul rôle de mobiliser l'individu
entre ces préférences et les buts proposés : la motivation ne gère plus
l'orientation du comportement, mais uniquement ses aspects dynamiques.
L'intérêt des modèles diverge selon qu'ils se préoccupent de « concurrence »
entre individus ou de « concurrence » entre intérêts individuels :
Les simplifications théoriques et les modèles permettent de faire des hypothèses
sur les raisons de la diversité des comportements et c'est dans cette
perspective que les modèles de motivation sont élaborés et validés. Dans
certains secteurs, en particulier l'enseignement, ces modèles servent eux-mêmes
de base à des échelles de motivation ;
Les modèles peuvent au contraire faire obstacle aux efforts d'élucidation des
processus profonds en cause ; par nature, tout modèle de motivation est inapte à
rendre compte du processus de délibération lui-même. Demeurant toujours en deçà
de l'intégration des divers paramètres intéressants l'individu, un irréductible
facteur d'autodétermination (idiosyncrasie, libre-arbitre,...) borne la portée
du modèle ainsi que son intérêt prédictif. « À chaque personne, sa motivation !
»
Les théories de la motivation humaine
On parle de « théorie de la motivation » pour désigner les préconceptions qui
ont présidé généralement à l'élaboration d'un modèle de motivation. On recense
ainsi un grand nombre de « théories » :
théorie de l'attribution ;
théorie de l'autodétermination ;
théorie de l'autorégulation ;
théorie de l'efficacité personnelle ;
théorie de l'expectation ;
théorie du comportement planifié.
À chaque époque, ses conceptions de l'homme et ses théories de la motivation
(Little 1999, McAdams 1999). Les bases classiques des théories sont :
les pulsions et la réduction de la tension (plaisir) ;
les exigences de croissance et d'actualisation de soi ;
les bénéfices de la stabilité et de prévisibilité ;
les gratifications de la réussite (théorie des buts).
La théorie de la hiérarchie des besoins d'Abraham Maslow (1954)
Estime de soi
Estime des autres
Amour, appartenance
Sécurité
Physiologique
Pyramide des besoins
Cette théorie hiérarchise les besoins, et dit que plus on « monte » de
niveau, et plus la motivation est importante. Mais on ne peut atteindre les
niveaux supérieurs, que si les besoins plus primaires sont satisfaits.
Cette théorie précise également que « ces besoins ont une structure
multidimensionnelle », c'est-à-dire que d'un sujet à un autre, le « niveau de
satisfaction des besoins » n'est pas le même.
Cette théorie est très critiquée aujourd'hui, car énormément de données montrent
que plus on assouvit un besoin, plus on cherche à le satisfaire.
La théorie des deux facteurs d'Herzberg (1959)
Le grand apport de cette théorie, « parmi les travaux les plus classiques »,
est qu'elle montre que la motivation peut être influencée par des facteurs
externes, appelés extrinsèques.
Pour Herzberg, la motivation varie selon des facteurs internes, mais la
démotivation influe selon les facteurs externes, qu'il appelle facteurs
d'hygiènes.
Ainsi, la motivation n'est possible que si les facteurs d'hygiènes sont hauts.
Mais il n'y a pas motivation pure. Ces deux concepts (motivation et
démotivation) sont donc parallèles, et ne relèvent pas d'un continuum.
La somme de commentaires et de critiques suscités par les travaux d'Herzberg est
importante. La méthode utilisée pour le recueil des données est souvent
critiquée car source de biais. En effet, la méthode des incidents critiques
consistait à recueillir les moments où les salariés se sont sentis heureux et
les moments où ils se sont sentis mécontents. Procédant ainsi, les conclusions
établissent que seuls les facteurs intrinsèques (accomplissement de soi, travail
en lui-même, responsabilités) contribuent à la satisfaction, leur absence menant
à des états neutres. Les facteurs extrinsèques (rémunération, qualités du
hiérarchique...) diminueraient l'insatisfaction, mais n'influenceraient pas ou
peu la satisfaction. La répartition entre facteurs internes et externes peut
être interrogée. On peut en effet se demander si les responsabilités confiées
sont un facteur interne ou externe. Plus globalement, ce modèle confond
allègrement deux notions aujourd'hui clairement distinctes: motivation et
satisfaction. Cette critique est portée par des auteurs comme Claude
Levy-Leboyer ou Robert Francès. L'intérêt de ce modèle est d'avoir engendré
le mouvement dit de l'enrichissement au travail.
La théorie du besoin de réalisation de McClelland (1961)
Cette théorie est construite à partir de la mesure des besoins, à l'aide du TAT.
David McClelland fait ressortir trois types de besoins faisant motivation au
travail :
Les besoins de réalisation : ceci renvoie à l'envie de réussir (Accomplissement)
;
Les besoins de pouvoir : ceci renvoie à vouloir avoir de l'influence sur autrui
;
Les besoins d'affiliation : ceci renvoie au besoin de relations sociales
satisfaisantes.
Ainsi, ces trois facteurs semblent avoir comme objectif de montrer que « la
volonté de réussir est une auto- motivation puissante ».
La théorie des caractéristiques de la tâche (1968)
Cette théorie a eu, pour effet historique, un enrichissement du travail, par le
fait de la nature de la tâche proposée par l'auteur. Pour Hackman, le chercheur
à son origine, on trouve cinq facteurs influençant la motivation :
La variété des tâches (V) ;
Les tâches pouvant être réalisées entièrement (I pour identité) ;
La signification des tâches (S) ;
L'Autonomie individuelle (A) ;
Un retour sur ses activités (F pour feedback).
Hackman et Oldham proposent une formule afin de calculer un score de motivation
:
Score =
Plus tard, en 1976, ces deux auteurs ajoutèrent plusieurs facteurs dont un
important, le désir de reconnaissance, qui affecterait les cinq autres.
Les théories béhavioristes
Le béhaviorisme tenant par principe pour négligeables les caractéristiques
individuelles internes, la motivation résulte toujours en premier lieu de
facteurs liés plus ou moins étroitement au conditionnement et plus précisément
des différents renforcements extrinsèques exercés sur les comportements
considérés comme positifs. .
La théorie V.I.E de Vroom (1964)
Cette théorie cognitiviste, appelée aussi « la théorie du résultat escompté
», repose sur trois concepts :
La « valence » (V) : C'est la valeur, positive ou négative, que l'on attribue au
résultat de ses actions ou de sa performance. C'est répondre à la question : ce
que j'obtiens en retour pour ma performance accomplie, c'est important ou pas
pour moi ? Dans le cadre du travail, par exemple, l'important pour certains peut
être le niveau du salaire, pour d'autres d'avoir du temps libre. Ces préférences
sont mesurables sur une échelle de -10 à +10 ;
L'« instrumentalité » (I) : Est-ce que la performance est corrélée avec le
résultat ? C'est la probabilité perçue du lien entre la performance à atteindre
et ce que j'escompte en retour. C'est répondre à la question, si je fais ceci,
alors est-ce que j'obtiendrai cela en retour ? Mesurable sur une échelle de 0 à
1 ;
L'« attente » (E) : Est-ce que l'effort aboutit à une performance ? c'est
répondre à la question, si je me mobilise pour faire cela, est-ce que
j'arriverai à cette performance ? Mesurable sur une échelle de 0 à 1.
On trouvera une description de ce modèle de motivation en français dans le
traité de psychologie du travail de C. Levy-Leboyer et JC. Spérandio paru au PUF
en 1987 ou plus récemment dans Legrain H. Motivation à apprendre : mythe ou
réalité ? L'Harmattan, 2003, page 42 à 51. L'intérêt de ce modèle est que des
recherches quantitatives ont pu montrer un lien entre la motivation, ainsi
mesurée, et les efforts déployés dans un travail ou un apprentissage.
Vroom propose une formule calculant la force de la motivation (F) :
La théorie de l'équité d'Adams (1963, 1965)
Selon cette théorie (1963, 1965), l'individu calculerait un « score »
pour lui même, et un score pour autrui, afin de déterminer s'il y a de la «
justice sociale ». La motivation viendrait donc des représentations mentales
(théorie cognitiviste).
Sachant que R correspond aux Résultats (ex. : salaire), et A à l'Apport (ex. :
effort donné).
Si le score du sujet est égal à celui d'autrui, alors il y a équité, et donc il
sera motivé ;
Si les scores sont inégaux, alors il n'y a pas équité, et la motivation baisse.
Même dans le cas où le sujet serait surestimé, il va perdre de sa motivation,
non pas par un changement de comportement, mais par un changement de
perceptions.
La théorie du renversement (1982)
Présentée par Michael Apter en 1982, la théorie du renversement se préoccupe
moins des déterminants biologiques ou environnementaux de la motivation que de
sa dynamique dans une approche cybernétique par renversement entre des états
relativement stables, dits états métamotivationnels. Elle prétend ainsi rendre
compte aussi bien des variations inter-individuelles avec des états préférés que
des variations intra-individuelles comme le passage (à environnement constant)
de l'ennui à l'euphorie ou de la relaxation à l'anxiété.
Avec la notion d’état métamotivationnel, l'individu apparaît comme moins
foncièrement dépendant de pulsions ou besoins vitaux puisque leur satisfaction
est l'occasion d'un jeu ou d'une mise en concurrence renouvelée (multistabilité)
; à chaque moment, un point d'équilibre et une forme d'engagement dans l'action
sont en définitive toujours prioritaires sur les résultats pratiques de ce
comportement.
Quelques paires d'états métamotivationnels ont été dégagées et ont fait l'objet
d'essais de validation. La plus connue et la plus importante est la paire état
télique/paratélique ; très proche d'ailleurs de la distinction motivation
extrinsèque/intrinsèque, le but (telos) au cœur de l'état télique étant la
quintessence de la motivation extrinsèque.
La motivation entre nature et culture
Le système hédonique est activé par le chocolat, pour ceux qui l'aiment par
natureEngagé dans une situation donnée, l'individu exprime une certaine
motivation ; simplement dit de l'« entrain » (ou enthousiasme). En pédagogie,
l'on parle de « motivation situationnelle ».
L'entrain est lui-même fonction d'une motivation plus individuelle correspondant
aux attraits personnels de la situation ; par exemple, l'entrain d'un étudiant
dans l'étude d'un ouvrage particulier sera en partie dépendant de son goût pour
la lecture. On peut parler à ce niveau d'une « motivation habituelle » ;
motivation apte à engager l'individu plus ou moins dans toutes les situations
favorables à son expression.
La motivation habituelle est prioritairement déterminée par les intérêts
profonds de l'individu ou « motivations intimes » et accessoirement par des
éléments liés à son histoire, à son développement. Le plaisir (cf. Système
hédonique) est le critère central de ce niveau de motivation puisqu'il signale
l'adéquation des intérêts avec une forme d'expression possible.
En pédagogie, l'on parle de « motivation contextuelle » : c'est par une
motivation contextuelle d'ordre esthétique qu'un élève assistera avec
ravissement à un opéra alors qu'à la piscine, c'est le pur plaisir de nager qui
l'enthousiasmera.
Ces degrés de motivation entre l'intime et le vécu des expériences successives
suffirait à décrire un individu isolé, sans relation, puisqu'il lui suffirait de
se laisser dériver au grée des opportunités qui se présenteraient sans avoir
aucun compte à rendre. Mais nous savons avec Sartre que « l'individu est une
abstraction », et que la culture est présente au cœur de l'homme, via la
communication, l'éducation, les associations.
Si la nature participe par le plaisir à la motivation, la culture (contrariant
en partie la spontanéité) implique le renforcement dans la motivation du critère
de l'autonomie. Très tôt l'enfant complète les plaisirs du « manger » ou du «
regarder » par la satisfaction de manger ou de regarder ce qu'il entend manger
et regarder ; très tôt l'autonomie s'impose à lui comme un instinct essentiel,
instinct qui sera diversement reconnu par ses parents. Réagissant aux
interférences d'ordre culturel avec ses désirs, le besoin d'autonomie pousse
l'individu à rester le maître de ses choix.
La motivation quand elle est déterminée par le plaisir et le sentiment
d'autonomie est dite « intrinsèque ».
Pour intime qu'il soit, le besoin d'autonomie n'est pas uniquement une posture
défensive, il peut s'exprimer en particulier par le besoin de réussite (Atkinson
(1983)). Mais une réussite qui ne répondrait qu'à une nécessité sociale, à une
injonction éducative, sera dite « motivée extrinsèquement ».
Alors que certaines personnes issues d’une certaine culture y voient une
motivante nourriture, d’autres n’y pensent même pasEn résumé :
« Une activité qui est pratiquée pour elle-même, pour son contenu est dite
intrinsèquement motivée, tandis qu’une activité qui est pratiquée pour ses
effets - pour l’obtention d’une conséquence positive ou pour l’évitement d’une
conséquence négative - est dite extrinsèquement motivée. »
Finalement, privée de satisfaction ou de conviction, une personne motivée
extrinsèquement n'est pas essentiellement intéressée par l'activité en soi. Dans
l'enseignement, cette motivation s'attachera à l'obtention d'une note, d'une
appréciation positive du professeur, d'un diplôme.
L'estimation d'un degré de motivation extrinsèque ne doit pas masquer la
complexité à la base de la motivation et faire tomber dans un schématisme dans
lequel motivations ou individus d'un type ou d'un autre seraient distingués sans
grande prudence. Des échelles de motivation basées sur ce modèle essayent
d'encadrer cette discrimination.
Cette polarité « intrinsèque/extrinsèque » a été développée comme un continuum
dans la théorie de l'autodétermination (Deci & Ryan, 1985, 1991).
Ces auteurs définissent plusieurs degrés d'autonomie (ou perte d'autonomie) en
fonction de l'intensité de l'assimilation des contraintes culturelles, depuis la
simple prise en compte (« régulation identifiée ») jusqu'à l'« oubli » des
aspirations initiales (« régulation externe », opportunisme), le degré
intermédiaire étant une intériorisation des contraintes (« régulation
introjectée »).
Cependant, cette gradation appliquée à l'apprentissage ne réduit pas le paradoxe
du « vouloir l'autonomie » de l'apprenant et l'effet de double contrainte qui en
résulte au détriment de l'autonomie ; à ce titre « Ne pas faire obstacle à
l'autodétermination ! » est un mot d'ordre de première importance.
La théorie de l’autodétermination parle de « motivation autodéterminée » quand
le besoin d'autonomie joue un rôle prioritaire ; elle y ajoute le besoin de
compétence et le besoin d’appartenance sociale ; trois besoins psychologiques
formant selon elle la base de la motivation humaine.
Bases biologiques impliquées dans la motivation
Les neurosciences ont mis, ces dernières années, en lumière les différentes
bases biologiques impliquées dans la motivation. Elles se composent d'hormones,
et de différentes parties du système nerveux central. Ces dernières serviront
d'éclairages, afin de mieux comprendre certains types de motivation, expliqués
ci après.
Hormones et motivation
Une motivation, servant à l'accomplissement d'assouvissement primaire tels que
les comportements agressifs et sexuels, peut être expliqué par l'augmentation de
certaines hormones. Il est bien connu, en effet, que lors de l'adolescence par
exemple, le taux d'hormone est corrélé positivement, et significativement aux
comportements agressifs et tournés vers le sexe. Mais il est bien évident, que
ces décharges hormonales, ne sauraient être l'explication unique de
comportements plus évolués.
Hypothalamus et motivation
Indication de l'hypothalamusL'hypothalamus peut être également associé à la
motivation de comportement assouvissant certains besoins physiologiques tels que
la soif et la faim. Cet « expert » du système végétatif, est le « commandeur »
de ces comportements. En effet, « l'hypothalamus peut être considéré comme un
véritable ordinateur de la vie végétative qui programme les composantes
physiologiques de la faim, de la soif, de la sexualité, de l'ovulation, les
rythmes de base du sommeil, etc. ». De plus, ce deuxième facteur explicatif
de la motivation est directement relié au système limbique, qui est au centre
des émotions humaines, et ainsi, permet de déclencher, ou inhiber, des
comportements agressifs.
Par exemple, la stimulation de l'hypothalamus médian ventral entraîne le
déclenchement de la lutte, alors qu'au niveau dorsal, il déclenche la fuite.
L'hypothalamus latéral, stimulé cholinergiquement, déclenche soit la soif, soit
l'agressivité.
Système hédonique et motivation
Le système hédonique, ou les réseaux déterminant dans la sensation de plaisir,
participe évidemment au déclenchement de cette force qu'est la motivation.
Skinner a illustré cela avec sa boîte, où des rats étaient directement stimulés
au niveau de ces centres nerveux. Ceux-ci préféraient mourir de faim, ou passer
par dessus un grillage électrifié, plutôt que d'arrêter de se stimuler.
Sources de motivation
Besoins
Besoins physiologiques
Ce genre de motivations, est vu comme telle, par la théorie de la pulsion de
Hull (1943, 1952). Les plus faciles à analyser, au moins superficiellement,
sont celles basés sur des besoins physiologiques évidents. Cela inclut la faim,
la soif et le désir d’échapper à la douleur.
L’analyse des processus qui sous-tendent de telles motivations peut utiliser les
recherches sur les animaux, en éthologie, en psychologie comparative et en
psychologie physiologique, et celle des processus hormonaux et du cerveau dans
ce qui semble commun au moins pour tous les mammifères et probablement tous les
vertébrés. Cependant :
chez les humains, ces motivations de bases sont modifiées et transformées par
des influences sociales et culturelles de plusieurs genres : par exemple, aucune
analyse de la faim chez les humains ne peut ignorer le problème des troubles de
l’appétit comme l’anorexie et l’obésité, pour lesquels les parallèles chez les
autres animaux est peu clair ;
même chez les animaux, il est clair que les modèles antérieurs homéostase «
manque-approvisionnement » ne sont plus adéquats car de nombreux animaux se
nourrissent par précaution plutôt que sur la base de réactions, le cas le plus
évident étant celui de la préparation à l’hibernation.
Ainsi, l'activation de l'hypothalamus, qui déclenche des comportements innés, ne
peut se faire que par la présence de stimuli intérieurs, couplés à des stimuli
environnementaux. Cependant, ces derniers peuvent prendre des formes très
complexes (culture...), ce qui démontre que la motivation même des comportements
innés n'est pas si simple qu'on pourrait le croire au premier abord.
Autres motivations biologiques
À un autre niveau, on trouve d'autres motivations ayant une base biologique
évidente mais qui ne sont pas nécessaires pour autant à la survie immédiate de
l’organisme. Cela inclut les motivations puissantes pour le sexe, le soin
parental et l’agression : là encore, les bases physiologiques sont similaires
chez les humains et les autres animaux, mais les complexités sociales sont plus
grandes chez les humains (ou peut-être comprenons-nous mieux ceux de notre
propre espèce).
Dans ces domaines, des analyses à partir de l’écologie comportementale et de la
sociobiologie ont offert de nouvelles approches dans les dernières décennies du
XXe siècle, mais restent controversées. Peut-être similaire, mais à un autre
niveau, est la motivation pour rechercher une stimulation nouvelle — appelée
exploration, curiosité ou recherche d’une excitation.
Un problème crucial dans l’analyse de telles motivations se pose quand elles ont
un composant homéostatique, qui peut augmenter avec le temps s’il n’est pas
déchargé ; cette idée fut un composant clé des analyses du début du XXe siècle
comme, par exemple, chez Freud et Konrad Lorenz, et elle est un facteur
important de la psychologie populaire de la motivation. « La perspective
psychodynamique cherche à découvrir les motifs et les influences inconscientes
qui s'organisent autour des pulsions sexuelles et agressives pour orienter le
comportement (Freud 1915) ». Les décennies ultérieures, mieux informées au
niveau biologique cependant, impliquent que de telles motivations sont
situationnelles et apparaissent quand elles sont (ou semblent être) nécessaires
pour assurer la bonne forme de l’animal ; elles se résorbent sans conséquence
quand leur occasion passe.
Buts secondaires
Les besoins biologiques secondaires importants tendent à engendrer des émotions
plus puissantes et donc des motivations plus importantes que d'autres besoins.
L'une des études les plus connues est celle d'Abraham Maslow avec sa célèbre
pyramide des besoins. Une distinction peut être faite entre motivation directe
et indirecte. C’est par exemple le cas entre un cadre de travail agréable et la
rémunération liée à cette activité.
Autres types de besoins
Outre les besoins physiologiques, d'autres types de besoins peuvent intervenir
en tant que source de motivation. Les besoins psychologiques tels que les
besoins d'estime de soi, d'accomplissement, de pouvoir, d'intimité, etc. sont
une source importante, ainsi que les besoins sociaux tels le besoin d'avoir des
relations interpersonnelles.
Émotions
Les émotions, telles que l'amour, la peur, etc. sont également d'importantes
sources de motivations.
Cognitions
Certaines sources de motivation font appel à la cognition, comme par exemple,
les buts que nous nous fixons et les valeurs auxquelles nous adhérons.
Autocontrôle
L’autocontrôle de la motivation est de plus en plus compris comme un
sous-ensemble de l’intelligence émotionnelle. Une personne peut être très
intelligente selon une définition conservatrice (mesurée par de nombreux tests
d’intelligence), mais non motivée pour dédier son intelligence à
l'accomplissement de certaines tâches. La théorie de l'expectation (ou des
attentes, ou encore de l'espérance) de Victor Vroom fournit une valeur (la
valence — cf. théorie de Vroom) qui montre cette idée d’autocontrôle,
c'est-à-dire cette envie de poursuivre un but particulier.
L’autocontrôle est souvent en contraste avec le processus automatique de
stimulus-réponse, comme dans le paradigme du comportement de B.F. Skinner.
Sources externes
Certaines sources externes à l'organisme peuvent nous motiver ou influencer
notre comportement et éventuellement devenir des motivations internes. Par
exemple, le renforcement positif ou l'apprentissage par observation sont deux
formes de sources externes qui à la longue peuvent recruter de l'intérêt.
Coercition
La plus évidente forme de motivation externe est la coercition, quand
l’évitement de la douleur ou d’autres conséquences négatives a un effet
immédiat. Quand une telle coercition est permanente, elle est considérée comme
un esclavage. Bien que la coercition soit considérée du point de vue éthique
comme répréhensible par beaucoup de philosophies, elle est largement pratiquée
sur les prisonniers et aussi sous la forme de la conscription. Les critiques du
capitalisme moderne déclarent que sans réseaux de protection sociale,
l’esclavage des salariés serait inévitable.
Motivation de contrôle
Le contrôle de la motivation n’est compris que d’une manière partielle. Il y a
de nombreuses approches de l’« entraînement à la motivation », mais beaucoup
sont considérées comme de la pseudoscience par les critiques. Pour comprendre
comment contrôler la motivation il est d’abord nécessaire de comprendre pourquoi
tant de gens manquent de motivation.
Dans les années récentes, des activités non rémunérées comme le surf sur
l’Internet sont devenues des préoccupations croissantes pour les employeurs,
notamment ceux des nations dites riches. Certaines entreprises ont utilisé des
tactiques contraignantes pour contrer ce qui est perçu comme une menace,
d’autres essayent de définir certaines limites et la plupart appliquent des
représailles dans les cas extrêmes. Même pour les utilisateurs « à domicile »,
la dépendance à Internet, aux jeux vidéo ou à la télévision pose un problème de
désir.
Leur utilisation peut être expliquée par une boucle de renforcement positif
rapide par fourniture d’endorphine, une famille ersatz et l'alimentation de la
curiosité. On sait que les connexions neuronales sont augmentées par la
répétition de l’activité, ce qui signifie qu’il est plus facile de recommencer
une action (l’habitude) que de faire quelque chose de nouveau.
La question clé pour la motivation est alors : quelles activités engendrent une
réponse émotionnelle positive, et lesquelles ne le font pas ? Les réponses à
cette question sont explorées de plus en plus par la neuropsychologie. « [Parmi]
les principaux thèmes des neurosciences cognitives [on trouve la] neurobiologie
des états de vigilance et de motivation mis en jeu par les comportements
orientés vers un but. » On sait que pour la plupart des gens, les activités
qui comprennent de fortes impressions audiovisuelles ont un effet émotionnel
plus important. Des informations seulement issues d'un texte, à l’inverse, sont
habituellement peu motivantes. Cela semble intuitif vu que lire est une capacité
entraînée à un haut niveau cortical alors que de grandes parties du cerveau sont
affectées au traitement de l’audiovisuel.
Comme les humains sont des animaux sociaux, il apparaît aussi naturel que les
connexions sociales jouent un rôle crucial dans la motivation. On connaît peu de
choses sur la manière dont le cerveau humain traite de telles relations, mais on
peut assurer qu’elles sont puissantes. Comme des raisons personnelles peuvent
gêner les programmes de contrôle des motivations, on essaye d’apprendre aux
enseignants et dirigeants à trouver des relations pour leurs sentiments
personnels ailleurs qu’avec leurs étudiants et employés.
Organisation
À côté des approches directes à la motivation, commençant tôt dans la vie, il
est des solutions qui sont plus abstraites mais peut-être néanmoins plus
pratiques pour l’automotivation. Dans la pratique, chaque livre-guide de
motivation inclut au moins un chapitre sur la bonne organisation des tâches et
buts de chacun. On indique par exemple qu’il est indispensable de maintenir la
liste de ce qui est fait et de ce qui reste à faire et d’éviter que la routine
ne fasse baisser l’attention. Beaucoup d’organiseurs de poche qui gèrent ces
listes ne font que supprimer ce qui est fait au lieu de le garder dans une liste
séparée.
Il existe des programmes plus sophistiqués qui montrent l’évolution du réseau.
Un aspect intéressant et relativement négligé par la sociologie est la nature
d’assuétude des jeux de rôle qui utilisent un système de points d’expérience et
des « niveaux » pour motiver le joueur et l'inciter à continuer ; quand il a
gagné suffisamment de points, il peut progresser au niveau suivant, et obtenir
ainsi de nouvelles facultés et un statut supérieur dans la communauté, s’il y en
a une. Bien que de nombreux systèmes électroniques aient un concept de base des
priorités, peu explorent cette possibilité de manière communautaire.
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